Festival Gnaoua
le grand festival
Communion. Le mot cristallise parfaitement l’ambiance qui a régné sur cette 9e édition du festival Gnaoua. Elle s’est tenue du 22 au 25 juin à Essaouira. Une véritable transe s’est emparée de la cité des vents.Le public a dansé et chanté pendant quatre jours sur les rythmes du monde. «C’est la cinquième année que je viens au festival. Chaque fois, c’est un vrai bonheur», a affirmé avec un ton euphorique Fouad Souiri. Ce fonctionnaire mélomane voue un véritable culte à Mogador. La programmation de cette 9e édition a été particulièrement riche et soignée. «On essaye d’imaginer quelles sonorités la fusion des styles va-t-elle produire. L’alchimie, voilà le mot-clé de notre démarche», a affirmé Abdeslam Alikane. Il est l’un des 3 directeurs artistiques du festival. Leader de Tyour Gnaoua, il s’est lancé, dès l’âge de 9 ans, dans la «tagnaouite».Le coup d’envoi a été donné par un défilé des troupes de musique traditionnelles. Une vingtaine de groupes au total. Hmadcha, Issaoua, Houaras et les incontournables gnaouas étaient là. Venues des quatre coins du pays, chacune avait un étendard et une tunique comme signe distinctif. «Il existe sept couleurs. Chacune d’elle a une symbolique déterminée», a précisé le Maâlem rbati, Abdelkader Amlil.Côté concert, le joueur malien de balafon, Aly Keita, et le Maâlem souiri Mahmoud Guinea ont cartonné. Instrumentalistes virtuoses, les deux cousins africains ont aussi marqué par la qualité de leurs prestations scéniques. Le dialogue musical, entre le guembri et le balafon, a mélodieusement scellé l’unité africaine. Une unité qui fait défaut sur la scène politique, mais que les musiciens parviennent à réaliser. «Ne serait-ce que pour un concert d’une heure. L’essentiel, c’est qu’elle est possible», a commenté le président fondateur de l’association Essaouira Mogador, André Azoulay. Le bouquet final a été à 100% maghrébin. Barry, le chanteur-compositeur de Hay Mohammadi, a ouvert le bal. Avec son ton virulent à la sauce «ghiwaniènne», il a déchaîné la foule. Sa chanson, «Chkoun Ntouma», fait le procès de la pensée unique et de l’obscurantisme. Celle qui musèle les libertés publiques sous prétexte d’une religiosité à deux sous. Quant au Franco-algérien, Rachid Taha, il n’a pas déçu à son tour. L’ex-leader du groupe «Carte de séjour», avec sa voix enrouée et ses compositions toniques, a conquis le public souiri. Un public qui n’avait qu’une envie: être en communion.
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